Validation. Mode d'emploi. 2eme édition. Feil N, 2017.

Résumé et points clés

La méthode de Naomi Feil : «  la validation »

Naomi Feil, psychologue sociale, vers 1962, à la suite de ses entretiens et rencontre régulière avec les personnes âgées dans l’établissement où elle travaillait, prend conscience que ses outils (réorientation dans la réalité, remotivation, prise de conscience) ne fonctionnent pas auprès des personnes désorientées. Elle décide de faire autrement et crée sa méthode en s’appuyant sur les penseurs humanistes contemporains. Elle n’a cessé d’évoluer et de s’adapter depuis.

Sa méthode d’accompagnement des personnes âgées désorientées, en individuel ou en groupe, s’appuie sur une attitude empathique.

Sa méthode est basée sur un trépied : Moi soignant – l’autre – la relation

Moi soignant : avec quoi je viens ? Mon attitude
La relation : qu’est-ce que j’y mets, fais : Les outils de communication
L’Autre : Qui est-il et au nom de quoi j’ose la rencontre, le soin : Théories humanistes

En s’appuyant sur ce trépied, le soignant peut établir un lien et mettre en œuvre le soin relationnel.

La méthode s’appuie sur des principes humanistes et sur l’attitude développée par Carl Rogers, dont elle reprend les principes en les adaptant à la personne âgée. Carl Rogers pose, entre autres, les principes suivant :

• chacun est unique et a de la valeur
• tout a un potentiel et un devenir
• chacun a en lui son problème et sa solution
• être authentique et faire confiance dans la relation.

Partant de ses principes humanistes fondamentaux, Naomi Feil développe 11 principes :

1. Chaque personne âgée mal orientée ou désorientée est unique et a de la valeur.
2. Les personnes âgées mal orientées et désorientées devraient être acceptées comme elles sont.
3. L’écoute empathique crée la confiance, réduit l’anxiété et restaure le sentiment de dignité.
4. Les sentiments douloureux qui sont exprimés, reconnus et validés par un interlocuteur de confiance s’apaisent ; ignorés ou réprimés, ils gagnent en intensité.
5. La raison sous-jacente au comportement d’une personne très âgée mal orientée ou désorientée peut être l’un ou plusieurs des besoins humains de base suivant :
   1. La résolution de tâches inachevées afin de mourir en paix.
   2. Vivre en Paix.
   3. Le besoin de restaurer la sensation d’équilibre vital quand leur vue, ouïe, mobilité et mémoire leur font défaut.
   4. Le besoin de donner du sens à une réalité insupportable, de trouver un lieu rassurant, confortable dans lequel les personnes leur sont familières.
   5. Le besoin d’avoir de la reconnaissance, un statut, une identité et de l’estime de soi.
   6. Le besoin d’être utile et productif.
   7. Le besoin d’être écouté et respecté.
   8. Le besoin d’exprimer des émotions et d’être entendu.
   9. Le besoin d’être aimé, le besoin d’appartenance et de contact humain
   10. Le besoin d’être « nourri », de se sentir en sécurité plutôt qu’immobilisé et contraint.
   11. Le besoin de stimulations sensorielles : tactiles, visuelles, auditives olfactives, gustatives, tout comme d’exprimer des besoins sexuels
   12. Le besoin de réduire la douleur et l’inconfort.
   13. Ainsi ils sont attirés dans le passé ou s’échappent du présent dans le but de satisfaire ces besoins. Ils résolvent, se retirent, se libèrent, revivent et s’expriment.
6. Il y a un sens sous-jacent au comportement des personnes très âgées désorientées.
7. Lorsque la mémoire des faits récents diminue et que la parole s’estompe, les grands vieillards désorientés retrouvent des comportements appris tôt dans l’enfance.
8. Les symboles personnels, qui sont utilisés par les personnes très âgées mal orientées ou désorientées, sont des personnes ou des objets d’aujourd’hui (du temps présent) qui représentent des personnes, des objets ou des concepts du passé qui sont chargés d’émotion.
9. Les personnes âgées mal orientées ou désorientées vivent avec plusieurs niveaux de conscience, souvent simultanément.
10. Quand un ou plusieurs de leurs cinq sens sont touchés, les personnes très âgées mal orientées ou désorientées stimulent et utilisent leurs « sens intérieurs ». Elles utilisent les « yeux de leur esprit » et écoutent « les sons venus de leur passé ».
11. Des évènements, émotions, couleurs, sons, odeurs, goûts ou images du présent peuvent réveiller le souvenir d’évènements passés associés aux mêmes émotions.

Naomi Feil fait l’hypothèse que le comportement a un sens et que dans la dernière étape de leur vie la personne va tout mettre en œuvre pour pouvoir mourir en paix, dans le sens de ranger sa vie et résoudre si nécessaire ce qui doit l’être c’est l’étape de la Résolution. En continuité des tâches de vie d’Erik Erikson.

Naomi Feil décrit 4 phases dans la Résolution :

• la malorientation,
• la confusion temporelle,
• les mouvements répétitifs,
• la vie végétative.

L’accompagnement avec une attitude empathique et des outils adaptés, peuvent permettre à la personne d’accéder à ses ressources et de poursuivre son étape ou travail de résolution.

Ainsi dans la Résolution les personnes âgées dites : « désorientées » cherchent à

• résoudre des tâches inachevées du passé,
• revivre des moments agréables du passé,
• restaurer l’estime de soi,
• réduire l’ennui et le stress.

Et par le soin relationnel, le soignant peut accompagner la personne dans ce processus de résolution en utilisant des grilles de lecture pour faire des hypothèses sur la signification du comportement pour la personne elle-même :

• explorer les besoins
• décrypter les émotions
• faire une hypothèse sur la phase afin d’adapter les outils

Pour Naomi Feil : le comportement à un sens et la personne fait ce qu’il faut pour mourir en paix.

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